c'st un long paté mais il est tres interessant si vous voulez decouvrir bauhaus
Nous sommes en 1978. Kevin et David Haskins sont frères. Avec l’un de leurs copains de lycée, Daniel Ash, ils jouent déjà dans un groupe, The Craze, mais celui-ci ne les passionne guère. Aussi, quand Peter Murphy, lui aussi étudiant dans le même lycée de Northamptonshire, Grande-Bretagne, propose à son copain Daniel de fonder un groupe, c’est une occasion nouvelle que Daniel saisit aussitôt.
Et pour l’occasion, il ramène avec lui Kevin et David, ce dernier troquant son véritable nom contre le pseudonyme de Jay, ou plutôt J. Murphy sera chanteur, Ash guitariste, David bassiste, et Kevin batteur. Il ne leur manque plus qu’un nom, et celui-ci est vite choisi pour sa symbolique. Ce sera Bauhaus 1919, en référence à l’école du même nom, qui a lancé un style d’architecture avant-gardiste au début du XXème siècle. Des lignes droites, des bâtiments rectilignes, principale fonction : l’adaptation des formes à la fonction. En résumé, un clin d’œil au modernisme dans toute sa splendeur et son horreur.
Un mois et demi seulement après sa création, en janvier 1979, Bauhaus, ayant laissé choir la particule "1919", sort une première démo, "Bela Lugosi’s Dead / Boys". Immédiatement remarqué, le groupe est signé sur le label indépendant Small Wonder et
"Bela Lugosi’s Dead" devient single. Et quel single ! Le tout-Londres parle de cet étrange morceau, long (9 mn), lancinant, à donner des frissons dans le dos par son ambiance répétitive, vide et macabre : trois notes de basse incessantes, une guitare cristalline au lointain, une batterie minimaliste et monocorde... et la voix, cette voix chaude, austère, dramatique, cette voix qui ressemble tant à David Bowie, et qui répète inlassablement "Undead, Undead, Undead". Il y a aussi ce texte, hommage à l’acteur du cinéma muet Bela Lugosi, devenu fou après s’être trop identifié à son rôle principal en 1931, Dracula. Le groupe intrigue, fascine déjà, et quelques temps après quitte Small Wonder pour devenir la première signature d’un label devenu depuis mythique : 4AD.
Quelques mois plus tard, c’est le second single, "Dark Entries". Et là, les choses deviennent claires : Bauhaus n’est pas un groupe de passage, et si la presse se moque de son image théâtrale, le public ne s’y trompe pas et s’accorde à voir en eux l’un des possibles grand groupe des années à venir. Ils ne trahiront pas les espoirs.
À l’aube de 1980, Bauhaus sort son premier album, "In the Flat Field". À l’instar de Joy Division quelques mois auparavant, celui-ci annonce et confirme la couleur, ou plutôt la non-couleur de la nouvelle décennie : noir, et blanc. Et comme l’explique lui-même le groupe : "Les couleurs sont réservées aux arbres de Noël"... Double Dare et son intro à la basse angoissante donne le ton, l’album entier est un paquet de nerfs à vif, un abîme d’humeurs noires, d’ambiances fiévreuses et effrayantes. La voix envoûtante de Peter Murphy ajoute à l’étrangeté des climats, et une mystérieuse impression se dégage de chaque morceau, une attirance pour l’inconnu, l’étrange et le malsain. Un album où l’on va de surprises en surprises, de la folie enragée de Small Talk Stinks, Double Dare ou St. Vitus Dance aux ambiances plus feutrées, vicieuses et sournoises comme God in an Alcove, Spy in the Cab ou Nerves. L’album délivre une sensualité morbide, sensualité qui vire souvent à la sexualité d’ailleurs, car Murphy a un charisme fou, notamment en concert, quand, vêtu de cuir noir, il joue avec sa cape, tel un Nosferatu prêt à vous sucer le sang, juste avant d’effectuer un strip-tease quasi intégral. Groupe de scène avant tout, Bauhaus sait procurer d’intenses moments à son public grâce à son jeu très théâtral, lorsque par exemple Murphy saisit un spot d’avant-scène, et plonge le faisceau dans son visage, se transformant ainsi en un diablotin sorti tout droit de l’enfer. De concerts en concerts, le public ne cesse de s’accroître, et Bauhaus acquiert une notoriété de plus en plus importante.
Leur second album, en 1981, confirme leur talent. "Mask" se révèle plus abordable, mais toujours profondément sombre, sensuel et enfiévré. Le disque débute par un long larsen ayant pour effet de tendre immédiatement les sens de l’auditeur, de le “capturer” dans la musique. Hair of the Dog ouvre le bal, enchaînant avec The Passion of Lovers, devenu l’un de leurs singles les plus connus. Là encore, pas un titre de "Mask" ne déçoit. De la beauté tragique de Hollow Hills à l’ambiance sépulcrale de In Fear of Fear en passant par l’effroi surréaliste de Mask, personne ne ressort indemne de la contagion Bauhaus.
Il faudra attendre 1982 et leur troisième rejeton, "The Sky’s Gone Out", pour percevoir un changement dans la musique du groupe. Plus dépouillé, l’album délaisse les moments de violence et d’hypertension pour des morceaux plus fins, plus racés, plus expérimentaux aussi, on a même droit à un reggae (à la sauce Bauhaus bien sûr) dans lequel Peter Murphy, avec beaucoup d’humour, se permet quelques ronflements ! On le sent, "The Sky’s Gone Out" est plus que jamais le fruit de leur désir d’improvisation, témoins la trilogie The Three Shadows, ou les deux versions de Spirit, celle de l’album et celle du single, n’ayant que peu de points communs. Plus reposant, l’album n’en reste pas moins mystérieux, indéchiffrable. Les morceaux, intemporels, n’ont pas pris une ride. 1982, c’est aussi leur unique apparition dans le Top 20 avec la reprise d’un classique de David Bowie, Ziggy Stardust, toutes guitares dehors, mais sans grande nouveauté par rapport à l’original. David Bowie qui invite d’ailleurs Bauhaus à une apparition dans le film de Tony Scott qu’il tourne avec Catherine Deneuve : "Les Prédateurs". On y voit le groupe pendant tout le générique de début, et un inoubliable Peter Murphy plus chauve-souris que jamais. 1982, c’est également la parution d’un album live, "Press the Eject and Give Me the Tape", témoignage réussi de leurs prestations scéniques, enregistré dans diverses salles, et notamment le Rose-Bonbon à Paris où ils donnent un concert devenu légendaire.
Mais dès 1983 rien ne va plus. Les fans reprochent à Bauhaus de se vendre au showbiz : Peter Murphy apparaît dans une publicité pour une marque de cassettes audio ; quant au groupe, selon eux, il devient trop connu. Tout ceci en sus des attaques de la presse qui ne les a jamais franchement appréciés, à tel point que Bauhaus invite le journaliste Steve Sutherland à un droit de réponse sur scène, en plein concert. Mais à leur grande surprise, ce dernier accepte, et pire encore, obtient du groupe une reconnaissance de leur erreur... "Burning from the Inside" paraît dans ce contexte, et donne une image fidèle de ce que vit le groupe : des morceaux fatigués, de plus en plus mélancoliques (Who Killed Mr Moonlight, Kingdom’s Coming), et sans commune mesure avec la démence de leurs premiers titres. Malgré tout, Bauhaus peut garder la tête haute, pas une des chansons ne se laissant aller à la facilité. Un bel album avec de somptueux titres, voilà ce dont il s’agit. Le tube She’s in Parties fait d’ailleurs un tabac en soirées, et Bauhaus, désormais reconnu comme chef de file du mouvement batcave, démontre sans conteste sa supériorité, même si cet album est clairement éloigné des ambiances typiques du genre.
C’est sans prévenir, et sans donner de raisons, que se sépare Bauhaus cette même année, laissant derrière eux quatre albums cultes et le souvenir d’une alchimie musicale particulièrement réussie. Peter Murphy, après l’expérience d’un seul album très réussi avec le bassiste de Japan, Mick Karn, sous le nom de Dali’s Car ("The Waking Hour" en 1984), se lance dans une carrière solo conséquente mais inégale (huit albums à ce jour) et très confidentielle. Quant à ses ex-compagnons, après la poursuite infructueuse de précédents projets parallèles à Bauhaus, (sans David J.), sous le nom Tones On Tail (un album en 1984, "Pop"), ils forment Love And Rockets, Daniel Ash officiant au chant. Ces derniers sortiront plusieurs albums assez différents, des relents de musique gothique au glam-rock façon 70’s, en passant par la noisy-pop et la dance-music. Boudés par le vieux continent, ils obtiendront un énorme succès aux États-Unis. En marge du groupe, David J. a sorti quelques albums solo, malheureusement peu réussis, et il faut bien l’avouer, plutôt soporifiques. Daniel Ash également, mais avec plus de réussite...
C’est alors qu’à la fin des années 90, la redécouverte de la musique et des groupes du début des années 80, dont on parle de plus en plus, donne l’idée au groupe, pourquoi pas, de se reformer. L’incroyable se produit alors : Bauhaus renaît de ses cendres, et affronte les scènes européennes pour une tournée qui remporte un grand succès. Un témoignage de ces concerts sortira sur CD (“Gotham”, 1999), mais malgré l’attente de bon nombre de fans, cette reformation reste passagère, et les membres du groupe retournent à leurs occupations.
Bauhaus reste, 20 années après leur séparation, comme l’un des groupes les plus originaux et les plus intéressants que nous aient donné les années 80.
source: premonition.fra l b u m sIn The Flat Field
Mask
Press The Eject And Give Me The Tape (live)
The Sky's Gone Out
Burning From The Inside
1979-1983
1979-1983 Volume 1
1979-1983 Volume 2
Swing The Heartache: The BBC Sessions
Rest In Peace: The Final Concert (live)
Live in the Studio 1979
Crackle
s i n g l e s
Bela Lugosi's Dead
Dark Entries
Terror Couple Kill Colonel
Telegram Sam
Kick In The Eye
The Passion Of Lovers
Searching For Satori EP
Satori In Paris (live)
Spirit
Ziggy Stardust
Lagartija Nick
Bauhaus EP
She's In Parties
4AD
The Singles 1981-1983